Pendant des années, je me suis cherchée professionnellement. Je me souviens m’être dit, une fois mon (premier) diplôme de Master en poche : “ça y est, maintenant je peux faire tout ce que je veux”.
Oui, mais ça veut dire quoi “tout ce que je veux” ? Je n’avais aucune idée de ce que je voulais !
J’ai eu un premier job salarié, dans lequel tout était trop lent.
Puis, j’ai voulu créer une boutique. Alors j’ai refusé le CDI qu’on me proposait.
Mais j’ai ensuite arrêté ce projet, même pas encore commencé. J’ai alors connu 6 mois de chômage.
Pour éviter d’être confrontée encore et encore à une introspection sur ce que je voulais vraiment faire, j’ai repris une année de Master, axé Marketing et Entrepreneuriat.
J’ai eu un nouveau job, où tout était encore trop lent. Puis un second, où j’ai côtoyé de nombreux entrepreneurs qui m’ont confortée dans mon envie de l’être aussi.
Pendant ma vingtaine, j’ai eu l’impression de vivoter, d’être tiraillée entre le modèle sociétal que l’on m’avait inculquée et mon moi profond que je cherchais désespérément.
En fait, je trouvais surtout des excuses.
Et j’ai finalement réalisé que la vie, c’était d’expérimenter, de se dire “on verra bien” et de simplement kiffer.
Alors j’ai lancé ma micro-entreprise en juillet 2019. J’avais des bases en écriture, il y avait un boulevard peu fréquenté dans le secteur de la santé, et j’y avais un bon réseau.
Pendant plus de 2 ans et demi, j’ai été successivement chargée de communication, rédactrice web, copywriter et UX writer 🖋️
Je m’épanouissais à construire mon petit business, à construire ma vie, à mériter et à gagner chaque centime (si vous jouez/jouiez aussi aux Sims, sachez que je ne suis pas du tout du genre à entrer des codes pour avoir plus d’argent – moi je galère pour obtenir le moindre sou, et tous mes Sims ont une aspiration à devenir riche ou à être très cultivé) (ce jeu révèle les personnalités).
Mais je crois que j’ai aussi frôlé le burn-out.
J’ai commis beaucoup d’erreurs : bas tarif, trop de projets à la fois, l’impact de mon travail parfois peu visible et des projets qui ne répondaient pas à mes objectifs.
Je reviendrai d’ailleurs sur mes erreurs de freelance dans un prochain article.
En tout cas, l’été dernier, si vous m’aviez demandé de redevenir salariée, je vous aurais ri au nez. Pour rien au monde, je n’aurais quitté le confort de mon activité !
Et pourtant…
Me voici aujourd’hui, vous avouant que, quelques mois plus tard, je suis de nouveau salariée. Le 14 février est certes la soi-disant fête des amoureux·ses, mais cette année, ce jour a marqué un tournant pour moi : j’ai rejoint une entreprise.
Le freelance, c’est (presque) fini.
Je dis presque, car j’ai un contrat à 80%. Faut pas déconner, j’ai besoin d’avoir mon bébé pro rien qu’à moi.
Pourquoi ? vous demandez-vous peut-être (je préfère penser que, si vous me lisez, vous souhaitez assouvir cette curiosité 😊)
J’y vois trois principales raisons.
Pourquoi j’arrête le freelancing ?
Participer à la conception d’un produit digital, de A à Z
En freelance, je travaille – que dis-je, je travaillais – principalement avec des start-ups (et plus sporadiquement des PME). C’était, à l’origine, un choix totalement délibéré de ma part. Je voulais travailler avec des petites structures, les jugeant plus humaines. Je voulais aussi être en contact direct avec le ou les fondateur·trices et/ou dirigeant·es, parce que :
- Je voulais prendre part à leur projet, ou plutôt m’en mêler, car j’aime la création.
- Je pensais que sans eux ou elles, je ne pouvais pas travailler dans de bonnes conditions.
J’ai adoré travailler avec des CEO ! Je participais au développement de leur entreprise et je me sentais leur égale.
Mais il y a aussi un principal inconvénient à travailler dans des petites entreprises : le manque d’une équipe installée et bien structurée.
En tout cas, c’est l’inconvénient que j’ai fini par observer en tant qu’UX Writer.
Quand il n’y a pas ou peu d’équipe(s) produit, la conception d’un produit est plus intuitive et ses étapes sont plutôt raccourcies.
Pour moi, une équipe produit se constitue :
- Au moins d’une personne qui coordonne la conception et la résolution de problèmes (généralement le ou la product manager)
- A minima de 2 designers, qui s’attèlent, selon leurs compétences, à la recherche, la création du parcours de l’utilisateur, l’élaboration des interfaces et les tests d’utilisabilité
- Un ou une UX writer qui participe à la conception (idéalement au même titre que les designers), plutôt centré sur le contenu
- De plusieurs développeurs·euses pour la conception technique
Finalement, en tant qu’UX Writer, exerçant dans une équipe produit très restreinte ou inexistante, je travaillais principalement sur la copie. Il faut dire ce qui est.
Mais être UX Writer, ce n’est pas seulement écrire. C’est participer à la conception d’un produit digital, de A à Z💡
- Participer à la création du parcours, au même titre que les product designers
- Faire de la recherche pour comprendre les besoins des utilisateurs
- Élaborer l’architecture d’informations
- Écrire la copie (the cherry on the cake)
- Mettre en place des tests d’utilisabilité
Toutes ces étapes, je n’y prenais pas ou très peu part. Par manque d’une équipe structurée et par incompréhension du métier.
C’est devenu essentiel pour moi de comprendre concrètement les métiers du produit et de la tech, de vraiment prendre part à la conception d’un produit et d’exercer pleinement le (vrai) métier d’UX Writer.
Devenir experte en UX Writing
J’adore apprendre.
Je crois que c’est ce qui me guide le plus au quotidien, professionnellement et personnellement.
Lectures quotidiennes d’articles et de livres, participation à des conférences, formations en ligne… J’ai toujours pris plaisir à maintenir mon rituel d’apprentissage en freelance 👩🎓
Mais, au bout d’un moment, ça ne suffisait plus.
Cela faisait plusieurs mois que je sentais que je stagnais.
- Mes compétences n’évoluaient plus vraiment. Mon apprentissage solo et quotidien était (et est toujours) essentiel, mais il ne suffisait plus.
- Généralement, mes clients disaient “oui” à mes propositions : je restais donc bien trop dans ma zone de confort. Alors, forcément, ma motivation déclinait et de nombreuses questions en quête de sens revenaient sans cesse.
J’ai réalisé que, pour développer mes compétences, j’avais besoin d’être challengée.
Et quoi de mieux que de l’être par ses pairs et également par des designers, des products managers et des dév’ ? Donc, être challengée quotidiennement par une équipe et par des personnes que je juge “plus fortes” que moi.
Travailler solo, c’est cool, tu es ton propre patron. Mais si tu n’as personne pour te challenger – que ce soit d’autres freelances ou une équipe chez le client, c’est impossible de monter en compétences. À un moment donné, tu stagnes.
C’est cette raison – le besoin d’être challengée – comprise tardivement, qui m’a poussée vers ma nouvelle aventure de salariée.
Un coup de coeur professionnel
Mon dernier épisode de podcast n’est pas anodin. Il remonte à mi-décembre (il faut que je m’attelle à d’autres épisodes – mais si je m’attarde c’est que j’ai une autre nouvelle à vous annoncer) (quel teasing !).
Lors de cet épisode de podcast, je voulais parler de structuration d’équipe. Peu d’entreprises francophones ont un ou une UX Writer. Et encore moins ont toute une équipe d’UX Writers.
Mais si j’avais su où m’emmènerait cet épisode, je ne l’aurais pas cru…
J’ai eu un vrai coup de coeur pour mes deux invitées, Mélanie et Hanna, toutes deux UX Writers chez Qonto, aux côtés de 4 autres (à l’époque, ils et elles étaient 6) 💜
Mélanie m’a proposé en rigolant de postuler. Je n’ai pas vraiment rebondi.
Mais des questions me sont rapidement venues. Et j’ai fait confiance à mon intuition.
3-4 jours plus tard, je rencontrais Jordan, l’un des Talent Acquisition Managers. Deux semaines après, c’était dans la boîte – l’épisode et le contrat.
Pourtant, il y a quelques mois, jamais je n’aurais voulu quitter ma vie de freelance.
Sauf peut-être pour une entreprise en particulier, que j’admirais (mais finalement, malgré une offre d’UX Writer ouverte, ça ne l’a pas fait).
Pour celle-ci, celle pour laquelle je peux dorénavant être fière d’être salariée, ça a rapidement été une évidence.
À toutes les étapes du processus de recrutement, avec chaque personne rencontrée, c’était une évidence (c’est beau, je sais).
Ce n’est pas une question de statut
Je dois avouer que le titre de l’article est volontairement putaclic, comme on dit.
- Parce que ce n’est pas une question de statut.
- Je n’arrête pas complètement, puisque j’ai un contrat salarié à 80%.
J’ai longtemps pensé et dit que le freelancing, c’était en quelque sorte la vie. Que tu étais bien plus libre en construisant ton business. Mais, comme dirait ma pas vraiment célèbre maman : “y’a que les cons qui ne changent pas d’avis”. Je tiens à lui dire merci pour ce mantra qui me suit souvent dans mes expériences de vie ! 🙏
Aujourd’hui, je considère les discussions du type “être freelance, c’est la liberté, contrairement au salariat” sont des faux débats. Tout comme les discussions du type “être freelance, c’est précaire”, “être freelance, c’est en attendant de trouver un job”.
Ça en devient même ridicule.
Pour évoluer en tant qu’UX Writer, mon objectif était simple : être challengée par une équipe de designers. Peu importait le statut, freelance ou salarié.
La vie a fait que je suis tombée sous le charme d’une entreprise.
Qui met l’apprentissage au coeur de sa croissance.
Qui n’a pas hésité quand je lui ai parlé de temps partiel et de travail à distance.
Qui m’a montré que j’avais de la valeur, qu’elle servirait à d’autres et que j’étais aussi là pour entreprendre.
Et qui m’a rassurée sur l’autonomie.
Alors oui j’ai eu peur pendant le processus de recrutement. Et aussi pendant ma première semaine.
💭 Mais dans quoi je m’embarque encore ?
Et si je me lassais au bout de 6 mois ?
Et si le travail d’équipe n’était pas fait pour moi ?
Et si je n’arrivais pas à travailler sur un projet qui n’est pas le mien ? (mais soit dit en passant, c’était le cas en freelance)
Mais :
- Je fais confiance à mon intuition.
- Ce job répond totalement à l’un de mes objectifs : devenir experte en UX Writing.
- Je sais que je vais apprendre énormément, et très rapidement (professionnellement et personnellement).
Bref, j’ai rejoint Qonto.